Investir dans des actions de rendement
Entre taux d’intérêt bas et marchés boursiers en baisse, les actions de rendement apparaissent comme des alternatives aux obligations, d’autant plus que les actions de croissance sont chères et que les actions cycliques sont valorisées dans le stress. Cependant, la prime des dividendes pourrait s’épuiser. explications.
Qu’est-ce qu’une valeur de rendement ?
La valeur de rendement correspond à une action dont le rapport entre le dividende et le cours de bourse est supérieur à la rémunération des obligations d’État ou à la moyenne du marché, actuellement fixée à 3,75 % (indice Stoxx qui compile 600 des meilleures capitalisations européennes). Dans le cadre du résultat net, le dividende est versé aux actionnaires. Son montant résulte soit du bénéfice réalisé au cours de l’année, soit d’une politique voulue par l’entreprise. Ces entreprises comme Bic, Vinci ou Air Liquide sont des entreprises qui opèrent dans des secteurs à moindre risque, dits non cycliques. Son objectif : fidéliser ses actionnaires.
Idéalement, le montant du dividende devrait augmenter proportionnellement aux bénéfices. Le rendement du dividende est calculé en divisant le montant du dividende par action par le cours du marché. Ce ratio boursier fait partie des multiples qui permettent de constater la surévaluation ou la sous-évaluation d’une entreprise par rapport à d’autres entités qui opèrent dans le même secteur d’activité. En général, le versement de dividendes est plus important pour les groupes matures, par rapport aux entreprises en croissance qui siphonnent massivement leurs revenus d’investissement. Par conséquent, un titre de rendement doit être en mesure de fournir un bon rendement à l’épargnant et d’établir une croissance stable et durable des dividendes.
Dividende : vers une baisse de la générosité des entreprises
Avec leur volatilité inférieure à la moyenne du marché, les actions de rendement ont l’avantage d’amortir les chocs baissiers tout en accompagnant les mouvements haussiers. En effet, ils trouvent pleinement leur place dans la constitution d’un portefeuille patrimonial. Pour l’exercice 2018, 50 000 millions d’euros de dividendes ont été distribués par les sociétés du CAC 40 (+10%). Entre 2010 et 2019, les revenus moyens mondiaux ont augmenté à un taux annuel de 6,5 %, les revenus de dividendes à 10,3 %. Cette générosité est-elle durable ? Ce n’est pas le cas pour Ben Lofthouse, directeur de Henderson International Income Trust, qui a évalué 1 200 des plus grandes sociétés cotées en bourse : « Les dividendes d’un cinquième des sociétés mondiales pourraient devenir insoutenables si l’économie mondiale faiblit. »
Cependant, le ralentissement de l’économie mondiale a commencé et les actions de rendement souffrent. En effet, le dividende n’est pas garanti car il dépend de la cyclicité de l’activité de l’entreprise et de l’évolution des résultats. Et l’indice d’un rendement du dividende élevé n’est pas forcément un signe positif, puisqu’il peut remonter après une baisse du cours de l’action, l’entreprise ne pouvant plus garantir le versement des dividendes. Un ratio élevé peut aussi trahir une faible dynamique commerciale. Les entreprises préfèrent chouchouter leurs actionnaires avec de généreux dividendes plutôt que d’investir à la recherche de relais de croissance ou, pire encore, de puiser dans leurs fonds propres ou d’augmenter leur endettement.
L’indice de couverture des dividendes en baisse
L’alerte sur les actions de rendement est donnée par le ratio de couverture des dividendes qui illustre leur pérennité. Cet indice est passé de 3 à 2,3 entre 2010 et 2018. On traduit : les bénéfices globaux sont 2,3 fois supérieurs au total des dividendes distribués (contre 3 fois auparavant). Ben Lofthouse explique : « En général, la couverture des dividendes augmente rapidement lorsque l’économie est en forte croissance. Au cours d’une longue période d’expansion économique, les entreprises desserrent progressivement les ficelles de la bourse et les taux de couverture diminuent avec le temps. Et enfin, une contraction économique entraîne une forte baisse de ces ratios. « .
La hausse des taux d’intérêt peut également porter un coup sévère à la rentabilité des titres qui, dans ce contexte, ont un rendement moyen inférieur au marché, avec une nuance sectorielle. Les actions de rendement se trouvent dans toutes les industries, bien que le degré de risque varie. Les principales thématiques de performance sont les utilities et les télécoms, qui bénéficient moins du retour de l’inflation et d’une reprise de la croissance. Autre secteur emblématique : les foncières dont le patrimoine réévalué est directement impacté par la hausse des taux. Mais d’autres secteurs, qualifiés de valeurs de croissance, comme les groupes de luxe, sont également engagés dans une dynamique de croissance des dividendes à long terme.