Néobanques : l’embarras du choix !

En annonçant le lancement de sa carte de paiement l’année prochaine, Linxo rejoint la longue liste des néobanques déjà actives sur le marché français. Alors que certains tentent d’occuper une niche de marché pour se différencier, d’autres exemples préviennent des difficultés à venir.

La carte de paiement Linxo en temps réel en 2020

L’assistant financier mobile a annoncé le 4 juin le lancement futur de sa première carte de paiement. L’objectif est d’offrir « la meilleure expérience en temps réel avec votre argent, quelle que soit votre banque ». La Fintech permettra ainsi à ses clients de régler leurs achats avec la carte Linxo, partout dans le monde. Le service se veut parfaitement sécurisé et la transaction immédiatement visible dans votre espace personnel.

Comme toute néobanque qui se respecte, l’expérience utilisateur est au centre de la démarche, avec une « solution 360° et temps réel » qui intègre des fonctionnalités aujourd’hui généralisées : outils de gestion budgétaire (catégorisation et suivi des dépenses, prévision des comptes, inventaire des produits d’épargne et de crédit, etc.), notifications d’alertes, configuration de la carte depuis l’application, paiement mobile, etc. Le mode de paiement complète la fonction d’assistant financier de Linxo (gestion du budget et agrégation des comptes bancaires).

Bruno Van Haetsdaele, co-fondateur de Linxo, dit s’appuyer sur les retours clients pour adapter les services aux usages : « premièrement, l’exigence d’une très bonne expérience utilisateur, et deuxièmement, l’arrivée du temps réel comme nouveau standard dans le paiement . » La néobanque, qui compte 2,8 millions d’utilisateurs, lancera sa solution de paiement en 2020, une formule issue à la fois d’une alliance technologique avec Natixis Payments et Visa, et d’une stratégie de co-construction avec ses clients.

Le secteur des néobanques en France 

Le monde des néobanques n’est pas encore impitoyable, mais il risque de le devenir à mesure que le nombre d’acteurs augmente. Les banques mobiles qui ont fait une percée sont venues de l’étranger en 2017. La néobanque allemande N26 a réussi à attirer 700 000 utilisateurs, suivie par la néobanque britannique Revolut et ses 560 000 clients. Le marché français est également occupé par le tricolore Fintech Morning (140 000 clients) ou le londonien Monese (100 000 utilisateurs).

La France est le deuxième pays en nombre de néobanques (1,8 million d’utilisateurs), derrière le très avancé Royaume-Uni (4,01 millions), mais loin devant l’Espagne (600 000), l’Allemagne (380 000), la Pologne (380 000) et l’Italie (330 000). ). L’engouement pour le mobile banking attire également de grands acteurs comme Orange Bank qui a gagné 300 000 clients en un an et demi. Créée en novembre 2017, Orange Bank se démarque toutefois par son profil hybride puisque l’opérateur de télécommunications propose l’ouverture d’un compte bancaire en ligne et en magasin.

Autre acteur à lancer sa banque mobile : La Banque Postale. Cet été, l’établissement bancaire commercialisera sa néobanque baptisée Ma French Bank, autour d’une offre de paiement (2€/mois), avec la possibilité d’ouvrir également un compte dans certaines agences postales. Il rejoint le contingent des comptes de paiement mobile des grands groupes bancaires comme Eko by CA du Crédit Agricole, Enjoy de BPCE ou Essentiel de LCL.

Il faut aussi rappeler la concurrence féroce des banques en ligne, moins chères et beaucoup plus complètes en termes de produits d’équipement. Le leader Boursorama Banque (1,8 million de clients), par exemple, adopte une stratégie commerciale agressive, comme sa nouvelle offre Ultim (carte Visa Premier gratuite). Enfin, les comptes sans banque, C-Zam (130 000 comptes activés pour l’enseigne Carrefour Banque) et surtout Nickel (1,3 million de comptes couverts par le réseau des buralistes) attirent d’autres catégories de la population (salariés, demandeurs d’emploi, personnes en situation irrégulière le revenu).

De Fintech à néobanque, il n’y a qu’un pas

Pour comparer les néobanques, certaines choisissent de cibler leur offre sur un segment d’audience spécifique, comme Holvi, une fintech finlandaise rachetée en 2016 par la banque espagnole BBVA. Centré sur les petites entreprises et les indépendants (gestion des notes de frais, création et envoi des factures, catégorisation des dépenses), Holvi débarque en France en 2019 et chasse sur les terres des fintech françaises Qonto (40 000 clients) et Shine (30 000 clients) , ainsi que le franco-belge Anytime (100 000 clients).

Fin 2018, la banque 100% mobile Bunq, venue des Pays-Bas, investissait le marché français. Son fondateur, Ali Niknam, se démarque par sa vision d’une banque bâtie autour du bonheur de ses clients. Neobank Bunq lance également sa Travel Card, une carte bancaire d’entrée de gamme destinée aux voyageurs qui inclut les transactions gratuites en devises étrangères à l’étranger. Quelques mois plus tôt, en février 2018, Ditto Bank, une néobanque française, proposait son compte multidevises dédié aux voyageurs d’affaires et aux expatriés.

Les derniers concurrents ciblent les adolescents, surfant sur la vague de l’éducation financière et des outils pédagogiques pour initier les plus jeunes à la gestion de leur argent. C’est le cas de Pixpay, qui cherche à révolutionner la banque des adolescents, en ciblant les jeunes entre 10 et 18 ans, en gardant les parents maîtres des mouvements du compte bancaire souscrit. Sur ce marché de niche amené à grossir, se positionnent d’autres néobanques telles que Xaalys (12-17 ans), plus orientée sur la gamification et les contenus éducatifs, ou Kard qui veut créer la première banque mobile de la génération Z (12 -25 ans).

Néobanques : les premiers signaux d’alerte

Tout n’est pas rose non plus dans l’univers bouillonnant des néobanques, comme l’illustre le cas de Hush, dont le fondateur a disparu depuis septembre dernier après une levée de fonds ratée, entraînant le non-paiement de vos prestataires. Ce scénario n’est pas sans rappeler les mésaventures de Morning. Fin 2016, l’établissement de paiement a logiquement vu son agrément suspendu après le retrait de 500 000 euros de son compte ségrégation. Morning sera alors sauvée en étant rachetée par la banque Edel et Maif.

Plus médiatique, les néobanques pionnières, Revolut et N26, ne sont pas épargnées par les régulateurs qui scrutent attentivement leurs opérations. Ainsi, depuis mars dernier, Revolut est soupçonné d’appliquer des conditions de travail toxiques et un manque de vigilance en matière de blanchiment d’argent. Outre-Rhin, le régulateur allemand (BaFin) alerte N26 sur le manque de personnel compétent dû à l’augmentation des comptes ouverts. Le risque : ne pas résoudre les problèmes de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.

Au cours du mois de juin, des pannes techniques ont tourmenté la vie des clients Fintech de Treezor (Qonto, Shine, Lydia), un fournisseur de services de microbanque. Ces problèmes informatiques rencontrés par la filiale de la Société Générale révèlent la dépendance de certaines néobanques à un seul acteur opérant sur le marché en France. Mais ce paysage est en train de changer avec la création d’Xpollens, associant Natixis Payments et Visa, qui délivrera des briques de paiement en marque blanche… avec Linxo comme client.

De manière générale, tant les régulateurs que les experts s’interrogent sur la pérennité du modèle néobancaire, d’autant que les géants du web réfléchissent à divers services bancaires, à commencer par le paiement. Par ailleurs, les banques en ligne, bien qu’anciennes et adossées à de grands établissements bancaires, continuent d’enregistrer chaque année des déficits. Alors, y a-t-il encore une place pour ces nouvelles banques mobiles ? Le groupe BPCE parie contre lui, reconnaissant qu’il n’a pas lancé Fidor Bank en France, pourtant racheté en juillet 2016 pour 142 millions d’euros.

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