Le paiement sans contact ramasse la mise en 2020
Le Covid-19 modifie les habitudes de consommation et de paiement. L’application des gestes barrières pousse logiquement les technologies sans contact et numériques à s’affirmer face au cash et au code secret qu’il faut saisir. Un inconvénient : la confiance dans la sécurité à acquérir.
Le paiement sans contact fait la bascule et…
Comme attendu, le paiement par carte bancaire sans contact continue de progresser, avec une accélération en 2020, suite aux gestes barrières et à la pandémie. Mais déjà en 2019 la croissance du nombre de paiements avait considérablement augmenté (+56,5%) par rapport à l’année précédente. L’observatoire CB a recensé 3,4 milliards de transactions.
Au cours des trois premiers trimestres de 2020, ce chiffre a continué de croître : +35 % sur un an en volume et +74 % en valeur. Le manque de confiance a servi de déclic puisqu’entre juin et septembre 2020 le nombre de paiements sans contact a bondi de 63% contre 59% l’année précédente à la même période.
La valeur des paiements sans contact a également augmenté de 128 %. Elle a bénéficié de la révision à la hausse du seuil pour ce type de transaction, qui est passé de 30 € à 50 € en mai 2020. Une étude Gfk pour Visa, réalisée fin 2020, montre également un bond de 42 % dans l’utilisation des aucun contact depuis mars.
…le paiement mobile apparaît sur les radars
Pour le directeur de l’étude, François Le Gunehec, il s’agit clairement d’un « signal fort de l’importance que les consommateurs accordent à la sécurité et au confort ». La Banque Postale confirme : +122% de paiement sans contact entre fin 2019 et fin 2020.
On a remarqué une trajectoire similaire pour le paiement mobile, d’autant que la limite de paiement ne dépend pas d’une réglementation mais uniquement du montant habituel de votre carte bancaire à laquelle le wallet est connecté (Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay). L’étude Gfk/Visa suggère une augmentation de 6 %. Plus d’un tiers des personnes souhaitent se débarrasser de leur carte physique et utiliser leur smartphone pour payer.
Cette tendance est confirmée par le directeur général adjoint d’Orange Bank, Stéphane Vallois, qui indique dans Le Monde que « le paiement mobile représente 20% des paiements par carte Orange Bank, contre moins de 1% du marché dans son ensemble ». De quoi faire saliver les banques mobiles et les banques en ligne.
Généralisation du service de paiement mobile
Chez Fortuneo, le directeur Grégory Guermonprez explique que le paiement par smartphone « représentait 2,5% de nos transactions par carte en janvier 2019, 7% en octobre 2020 ». Prévoyez 10% en 2021. Votre carte bancaire doit encore être compatible avec l’une des solutions de paiement mobile du marché citées plus haut…
Cependant, ce service est généralement très répandu, que ce soit dans les banques mobiles ou les banques en ligne. Seulement que Monabanq semble en retard, quand ING et BforBank raccrochent le bon train en marche. Le premier a finalement proposé Apple Pay à ses clients le 8 décembre, le second a emboîté le pas en janvier 2021.
Les banques traditionnelles ne font pas exception. En plus des solutions ci-dessus, ils ont également développé Paylib. L’application, qui regroupe dix-huit établissements, ne se contente pas du paiement mobile. Donne accès à des services supplémentaires comme le remboursement entre amis ou en ligne. Son président, Vincent Duval, rappelle que les utilisateurs effectuent « en moyenne huit transactions par mois via leur smartphone, soit près de la moitié de l’utilisation moyenne de leur carte bancaire ».
Le virement bancaire instantané a aussi de l’avenir
La période récente a finalement favorisé le transfert instantané. Cette opération vous permet de transférer de l’argent presque immédiatement sans possibilité d’annulation. Les gains en termes de sécurité et de praticité sont indéniables. Rapidité et équilibre en temps réel sont également des éléments en phase avec les nouvelles attentes des clients.
Les banques en ligne restent les plus rapides à capter un besoin, offrant ce service gratuitement à leurs abonnés. Fortuneo autorise jusqu’à 10 000 euros par semaine (maximum 6 000 €/virement), Boursorama Banque 2 000 euros par période de 24 heures.
Comme pour les groupes bancaires, le coût d’un virement instantané varie autour de 1 euro chez BNP Paribas, CIC ou Caisse d’Epargne, contre 0,80 euro à La Société Générale et 0,70 euro à La Banque Post it. De là aux moyens de paiement dématérialisés ou sans contact qui dominent le cash, le chemin est encore long. En 2019, 35% des paiements en France ont été effectués par carte bancaire contre 59% en espèces.
Des innovations incessantes dans les paiements
La pandémie a encore fait bouger les lignes. Et certains acteurs en ont profité. C’est le cas de la fintech Lydia, une application de paiement sans contact entre amis, qui a capté 1,5 million d’utilisateurs entre mars et septembre 2020. Il avait fallu six ans à Lydia pour en conquérir le double (2,9 millions).
Surfant sur la vague, la fintech vient de boucler une levée de fonds de 72 millions d’euros et ambitionne de devenir la première super app financière d’Europe. Parallèlement, Lydia multiplie les associations telles que Younited Credit (prêt à la consommation) ou Luko (assurance habitation) pour mieux servir sa jeune clientèle.
Enfin, les innovations continuent d’affluer pour optimiser encore l’expérience utilisateur. Par exemple, Google teste Voice Match pour valider les paiements vocaux. Le partenariat Ingenico Labs, Labby CB et Newport-IMS expérimente le paiement vocal lors de l’achat de carburant (via l’application Phebe). On peut également citer Intermarché qui s’essaye, avec Paypal, au paiement sans contact en scannant un QR code placé sur la protection en plexiglas des caisses. La course à l’innovation continue.