Acheter de l’or, une bonne chose?
Face à ce krach boursier d’une ampleur exceptionnelle, la question d’un regain d’intérêt pour les valeurs refuges se pose nécessairement. D’abord, l’or. Les gens adoptent massivement ce réflexe alors que le prix du métal précieux stagne. Alors faut-il acheter de l’or ? Répondre.
Des acheteurs mais pas de vendeurs !
Lorsque la tempête frappe, de nombreuses personnes ont le reflet de refuges sûrs. Conséquence : c’est une nouvelle ruée vers l’or. Le Financial Times pointe même la rareté des lingots et des pièces d’or en Europe. En France, l’actualité du métal précieux a été marquée par la suspension du cours Napoléon (pièces contenant six grammes d’or). Parce que ? Afflux massif d’acheteurs (jusqu’à cinq fois plus) et absence de vendeurs.
Plus personne ne veut donner ses pièces d’or Napoléon ! Ce déséquilibre est renforcé par la fermeture des magasins physiques d’achat et de revente d’or après les mesures de confinement. Cependant, le prix de l’or a enchaîné les séances vers le bas. L’once est passée de 1 700 $ à 1 500 $ en début de semaine avant de rebondir et de se stabiliser autour de 1 600 $ suite aux annonces de la Fed. Il est bien intervenu pour annoncer le sauvetage des obligations d’Etat en quantités infinies, entraînant mécaniquement la dépréciation du dollar.
Des investisseurs vendeurs d’or en recherche de liquidités
Alors que les particuliers veulent acheter des pièces d’or pour préserver leur épargne, signalant au passage leurs sérieuses inquiétudes quant à l’avenir, les investisseurs vendent pour récupérer les liquidités évaporées par la chute vertigineuse des marchés boursiers. Les investisseurs, qui avaient fait le pari perdant d’une bourse haussière, n’ont pas pu décharger leurs positions longues à terme, entraînant de lourdes pertes. Pour compenser le manque de capital disponible, ils ont fermé d’autres positions.
Cependant, pour François de Lassus, consultant chez CPoR Devises, un établissement de crédit spécialisé dans l’or physique d’investissement et les billets de banque, cette situation est « probablement passagère ». Même son de cloche chez Goldman Sachs, qui voit l’once franchir la barre des 1 800 dollars d’ici la fin de l’année. Pour Jeffrey Currie, responsable des matières premières à la Banque de Wall Street : « Nous soutenons depuis longtemps que l’or est la monnaie de dernier recours, car il agit comme une couverture contre la dépréciation de la monnaie lorsque les décideurs politiques agissent pour faire face à des événements indésirables comme celui qu’ils sont ». connaît actuellement.
Un cours de l’or à 1900 dollars fin 2020 ?
Les analystes se tournent également vers le passé pour étayer leurs arguments à l’origine de leurs projections du prix de l’or. Ainsi, lorsque la Fed baisse ses taux d’intérêt par surprise, le métal jaune s’apprécie en réponse de plus de 26% dans les 18 mois suivants. Benjamin Louvet, responsable matières premières chez OFI AM, rejoint Deutsch Bank et Citi pour un consensus autour de 2 000 $ l’once. De là à inviter les investisseurs à miser sur l’or, il n’y a qu’un pas, surtout dans un environnement de taux bas qui pèsent sur les produits d’épargne traditionnels.
Chez Schroders, le prix de l’or devrait même dépasser les 2 000 dollars dans les prochaines années. Le gérant fonde son opinion sur le constat d’un endettement incroyable des Etats pour soutenir leur économie qui « va pousser les taux réels en territoire négatif et focaliser l’attention sur le risque souverain. Deux facteurs très favorables à l’or. Les perspectives incertaines et les facteurs structurels actuellement en jeu incitent les gens à acheter de l’or pour se couvrir tout en diversifiant leur portefeuille d’actifs. Une participation qui a vocation à mesurer, cependant, entre 5 et 10% des actifs, selon le degré d’aversion au risque de l’investisseur.