Cash et paiement sans contact, révélateur du covid-19

L’industrie des paiements est en effervescence avec des solutions innovantes, l’arrivée de géants de la technologie et des changements de comportement. En ces temps de pandémie, l’usage de la carte bancaire ne cesse d’augmenter, même dans un pays comme l’Allemagne, culturellement favorable au cash. Décodage.

La Banque de France active sa cellule de crise fiduciaire

La crise sanitaire pourrait-elle provoquer une avalanche de retraits d’espèces aux distributeurs automatiques ? Une question qui a été prise au sérieux en février par la Banque de France, qui a activé sa cellule de crise fiduciaire. Il regroupe tous les acteurs du secteur de la gestion de trésorerie : banques, passeurs de fonds, commerçants. L’objectif est de réduire le risque de perturbation de la chaîne d’approvisionnement et des services. Dans ce contexte d’anxiété alimenté par les incertitudes, on observe une augmentation significative des volumes à certains distributeurs automatiques (jusqu’à 20%).

Mi-mars, le constat était cependant plus positif : pas de mouvement significatif des retraits d’espèces. Les propos diffusés sur Les Echos par Erick Lacourrège, directeur général des services économiques et réseaux de la Banque de France, sont clairs sur une éventuelle avalanche de cash : « Selon nous, il y a de fortes chances qu’il n’y en ait pas à l’avenir. Et même si les retraits devaient augmenter, cela pourrait être compensé par le fait que les paiements baissent car les magasins sont fermés. »

Retrait en cash : pas de mouvement de panique

Et dans un scénario moins favorable, la Banque de France reste tout aussi rassurante, indiquant avoir « plusieurs semaines » en stock de billets. Même sérénité du côté du Groupe Carte Bancaire par la voix de son directeur général, Philippe Laulanie, qui déclare n’avoir « aucune raison de s’inquiéter des paiements ». Cependant, les craintes de contamination par la manipulation d’espèces pourraient influencer le comportement des consommateurs. Certains militent pour briser le plafond de 30 € sur les cartes bancaires sans contact, trop contraignant.

Philippe Laulanie tempère : le relèvement du plafond du paiement sans contact « ne se fait pas comme ça, cela nécessite une grosse production informatique qu’il ne serait pas raisonnable d’activer dans les circonstances ». Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait du paiement sans contact un geste barrière contre la propagation du virus. Un recours entendu par l’Autorité bancaire européenne (ABE), qui invite les autorités nationales responsables des systèmes de paiement de 29 pays européens, a relevé ce plafond de 30 à 50 euros.

Relever le plafond du paiement sans contact : pourquoi ça bloque ?

En France, malgré les recommandations, le collectif en charge des cartes bancaires prône un relèvement du plafond du paiement sans contact pour… après la crise sanitaire. L’objectif : éviter l’imposition de nouvelles contraintes réglementaires en cette période de crise paroxystique. Et aussi de ne pas avoir à gérer d’éventuels risques de dysfonctionnement. Un coup de pinceau avec l’Autorité bancaire européenne qui préconise « d’encourager les clients et les commerçants à prendre des mesures sanitaires en utilisant tous les moyens de paiement possibles en magasin ».

Les cartes bancaires GIE sont encore plus flexibles en menant des discussions avec les fédérations professionnelles et les grands distributeurs. L’idée est de faciliter le paiement sans contact pour un même reçu, élevant ainsi le seuil à 60 euros. Autre voie : le développement du paiement à partir d’un euro dans les pharmacies, médecins et autres buralistes. C’est un vœu de la Fédération Bancaire Française depuis… 2015. Sauf que les petits commerçants ont jusqu’à présent été réticents à autoriser les paiements par carte sans contact à partir d’un euro en raison des commissions qu’ils prélèvent sur chaque transaction. Un sujet sans aucun doute dans les conversations.

Le paiement mobile comme solution : quelle offre chez les banques en ligne ?

Cependant, il existe une solution pour palier à ces problèmes de limite de paiement : le paiement mobile. A l’heure où se généralise ce service qui consiste à dématérialiser sa carte bancaire puis à payer avec son smartphone, le seuil de paiement correspond à celui de la carte bancaire elle-même. Dès lors, il sera intéressant d’observer l’engouement ou non pour les solutions de paiement mobile en version Big Tech (Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay) ou tricolore (Paylib, Lyf Pay).

Attention toutefois à bien vous renseigner si votre carte bancaire est compatible avec un wallet. A ce jeu, les clients de Boursorama Banque sont les plus performants (Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay, Paylib), devant Fortuneo (Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay) et Hello bank ! (Apple Pay, Paylib). En revanche, malgré les annonces, Monabanq, BforBank et ING ne proposent toujours pas ce service, même si Apple Pay sera mis en place en 2020. Et côté mobile banking ?

Max est le seul à se hisser au niveau de Boursorama Banque, devant Lydia dont les cartes sont compatibles avec Apple Pay, Google Pay et Samsung Pay. Beaucoup de néobanques se contentent des deux premiers wallets (N26, Revolut, Orange Bank, Bunq) ou juste du premier (Ma French Bank, C-Zam, Monese). En revanche, les utilisateurs de Nickel n’ont pas accès à cette solution (tout comme les utilisateurs de Morning). Le compte mobile sans banque est à la traîne de la concurrence à ce niveau, venant tout juste de mettre en place le paiement sans contact (automne 2019).

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