Epargne : les réseaux de sécurité mis à l’épreuve par le covid-19

La chute des bourses et la fermeture d’une grande partie de l’économie mondiale menacent-elles, en bout de chaîne, l’épargne déposée dans les banques et autres assureurs-vie ? Cette question est l’occasion de revenir sur les fonds de garantie, notamment les dépôts.

L’indéniable mouvement « flight to quality »

En ces temps de crise sanitaire, économique et boursière marqués par l’incertitude, les Français investissent leur argent dans des produits sûrs. L’économiste Cyril Blesson (Pair Conseil) anticipe : « Dans ce climat de grande incertitude lié à la crise financière, on peut s’attendre à un bond massif de l’épargne à partir du mois de mars. Ce n’est pas la rémunération qui guidera le choix des épargnants dans les mois à venir, mais la sécurité ».

Sans avoir les chiffres, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a déjà annoncé une course vers le Livret A et son complément, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS). Le cabinet Pair Conseil pointe du doigt l’obstacle que représente un quart des biens de consommation traditionnels, argent qui doit être dirigé par les épargnants vers des livrets et des comptes à terme, c’est-à-dire des placements garantis.

FGDR et FGAP, les filets de sécurité

Cependant, cet argent est déposé dans une banque. Pour autant, la crise économique et financière peut-elle conduire à une cascade de faillites d’établissements bancaires, mais aussi de sociétés d’investissement ou encore de sociétés de gestion, qui disposent de l’argent des Français ? Pour éviter ce risque, la loi de sécurité financière du 25 juin 1999 a mis en place plusieurs mécanismes de protection juridique qui ne sont activés que sur mandat de l’Autorité de contrôle et de surveillance des banques et des assurances (ACPR).

Le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) protège les dépôts avec indemnisation sous 7 jours ouvrés. Aucune démarche n’est requise pour le souscripteur qui doit cependant avoir son argent indisponible dans un établissement en faillite adhérent au FGDR. Le Fonds de garantie des assurances de personnes (FGAP) intervient dans le cadre de la faillite d’une compagnie d’assurances de personnes.

Les garanties produit par produit

La garantie des dépôts (FGDR) est fixée à 100 000 € par déposant et par banque. Les produits concernés comprennent les comptes courants, les plans et comptes d’épargne pour le logement (PEL, CEL), les livrets non réglementés, les comptes espèces adossés à un plan d’épargne en actions (PEA) ou à un compte-titres, et les Livres Jeunes (adhérents de moins de 25 ans). ).

Les sommes détenues sur les comptes d’épargne réglementés (Livret A, LDDS ou comptes d’épargne populaire (LEP)), sont couvertes par une garantie de l’État. Elle s’étend jusqu’à 100 000 euros par abonné et par banque. Ce fonds est indépendant du FGDR, il s’y ajoute donc. Une garantie des titres jusqu’à 70 000 € par client et par établissement couvre l’épargne affectée à un PEA ou à un compte-titres (obligations, actions, OPCVM…). Il n’est activé que si l’institution financière ne peut plus restituer l’argent.

Et l’assurance vie ?

La question se pose également pour l’assurance vie, produit d’épargne retraite particulièrement fragilisé par l’environnement de taux bas. Les assureurs ont donc incité les épargnants à s’exposer un peu plus au risque pour gagner des rendements via des comptes en unités de compte dynamiques. La chute des marchés boursiers a donc affecté ces épargnants, même si les assureurs-vie rassurent avec l’argument de l’investissement à long terme pour lisser les risques dans le temps.

Cependant, l’épargne maintenue en assurance-vie est garantie jusqu’à 70 000 € par contrat et par compagnie d’assurance (banque traditionnelle, banque en ligne, assurance par agent ou courtier et pure player). A noter que la garantie des fonds placés dans l’eurofonds est différente mais n’intervient pas en cas de baisse de la valeur des unités de compte. L’épargne retraite, comme le Plan d’Épargne Retraite (PER), l’épargne individuelle (contrat Madelin, PERP, etc.) ou l’épargne professionnelle (Perco, article 83, etc.), est également couverte jusqu’à 70 000 euros pour le FGAP en cas de la faillite de l’assureur.

Le FGDR devrait mobiliser 6 Md€ pour indemniser les épargnants (environ 2 Md€ pour le FGAP). Un montant qui semble insuffisant en cas de faillite majeure du système, malgré la possibilité d’activer le Fonds de résolution unique européen (33 milliards d’euros). En cas d’effondrement généralisé, il ne fait aucun doute que l’État devrait, pour une fois, jouer le rôle de dernier recours.

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