La crise n’empêche pas la progression des courtiers sur le marché immobilier
60 %, c’est la proportion de Français qui ont fait appel à un courtier au cours des trois dernières années pour acheter un bien immobilier. Une place grandissante sur le marché comme le révèle l’enquête OpinionWay pour VousFinancer réalisée en janvier 2021. Décrypté.
En agence ou en ligne, les courtiers gagnent du terrain
Sur 100 personnes interrogées, l’enquête OpinionWay de YouFinancer note que 63 ont déjà signé pour acheter un bien (dont 4% en 2020). L’enquête interroge ensuite le poids des courtiers dans les transactions. 40% ont eu recours à un intermédiaire pour contracter leur crédit immobilier, ce qui représente une baisse de 3 points par rapport à l’étude annuelle précédente. Dans le détail, on note que 28% sont passés par une maison de courtage (-1 point) et 12% par l’intermédiaire d’un courtier en ligne (8% en 2020, 5% en 2015).
Cette hausse correspond à la fois à une tendance de fond et à un événement économique : les restrictions de déplacements dues aux mesures sanitaires de lutte contre la pandémie de Covid-19. En ce sens, l’accès à la signature électronique et l’envoi dématérialisé des pièces justificatives (photographie, scan) pour constituer le dossier de demande de crédit immobilier ont joué un rôle moteur. A ce tableau s’ajoute la catégorie des emprunteurs ayant consulté un courtier en ligne sans faire appel à ses services (9 %).
Qui fait le plus appel aux courtiers en immobilier ?
Les femmes se sont davantage adressées aux intermédiaires que les hommes (47% vs 33%), notamment en se rendant en agence (35% vs 21%). Une récente enquête SeLoger a également révélé que les femmes étaient plus inquiètes et prudentes que les hommes : 35 % craignent de ne pas pouvoir acheter contre 29 % des hommes. Pourtant, en février 2021, ils représentaient 45% des dossiers de projets d’acquisition en solo dans Empruntis, un bond de 14 points par rapport à 2017.
Du point de vue de l’âge, les moins de 35 ans utilisent davantage les agences de courtage immobilier (64%, dont 20% n’utilisent que des courtiers en ligne). Plus l’emprunteur est âgé, plus il choisit les voies traditionnelles. En termes de statut, les CSP+ sont la clientèle préférée des intermédiaires (51% vs 28% chez les inactifs). Les locataires (51%) par rapport aux propriétaires (38%) et les provinciaux (41%) par rapport aux Franciliens (34%) recherchent également plus d’intermédiaires, avec une proportion plus élevée dans les régions du nord-est (48%) . et Sud-Est (50%).
Quels sont les avantages de passer par un courtier immobilier ?
La principale raison qui incite les emprunteurs à passer par une agence immobilière reste la recherche d’un taux avantageux (56%, +2 points). Ce score était déjà le plus élevé en 2015 (59%) dans les réponses. Mais avec la crise et le durcissement des conditions de crédit l’an dernier, la seconde raison évoquée désormais est la garantie de trouver une solution de crédit (30%, +7 points). Ce levier fonctionne évidemment sur les primo-accédants, les personnes à faibles revenus, ou parmi les plus frileux (d’où la plus forte demande pour les femmes).
Toutes les autres réponses sont à l’envers. Le support perd 5 points (26%) et le gain de temps 6 points (19%). Même les arguments d’expertise ou de l’interlocuteur unique sont fragilisés avec respectivement 12% (-7 points) et 9% (-9 points). Seul subsiste l’item « optimiser un plan de financement complexe » (18%, -1 point). Une image de 2021 en désaccord avec les explications de Sandrine Allonier, directrice d’études chez Vousfinanciar, qui précise que, malgré des taux très bas, « le recours à l’intermédiation n’a cessé de progresser, témoignant de la valeur ajoutée de notre métier, au-delà des simple recherche du tarif le plus bas… ».
Les taux immobiliers toujours attractifs
Les courtiers immobiliers sont donc prisés pour des tarifs avantageux, d’autant plus que les conditions d’octroi en 2020 se sont resserrées. La Banque de France note à juste titre une baisse de la production de crédits en janvier 2021 par rapport à janvier 2020 (-21% et -7,2% hors renégociations). La période actuelle combine une moindre dynamique des transactions, une plus grande prudence des banques et un attentisme des emprunteurs après la pandémie. Mais les opportunités continuent d’exister car les banques cherchent à atteindre leurs objectifs, attirant ainsi les clients.
Julie Bachet, directrice générale de VousFinancer, se veut rassurante : « Les banques sont en train de conquérir des clients. C’est pourquoi, en janvier et février, beaucoup ont à nouveau baissé leurs taux de crédit immobilier et assoupli légèrement leurs critères d’octroi de crédit, mais en restant attentifs aux profils financés face aux incertitudes économiques. Mais actuellement, les profils les plus sûrs sont très recherchés. Surtout, les taux des crédits immobiliers restent attractifs (0,95% à 15 ans, 1,10% à 20 ans) malgré les réajustements de février : hausse de 0,04 à 0,14 point, ou baisse de 0,05 à 0,25 point.
Les emprunteurs doivent faire jouer la concurrence, y compris dans les procédures de financement, telles que la suspension et/ou la modulation des remboursements. Négociations facilitées par le recours à un courtier immobilier dont la fonction est de trouver le contrat qui convient le mieux à chaque profil et projet.