La situation de l’assurance vie pendant cette période chahutée
5 – C’est le nombre de mois consécutifs de retraits d’assurance-vie. L’investissement préféré des Français s’affiche en rouge en 2020 (-5,2 milliards d’euros) dans le contexte de l’impact du covid-19. Cependant, une tendance qui semble s’essouffler. Décodé.
Une décollecte record de l’assurance vie
La Fédération française de l’assurance (FFA) a publié les chiffres de l’assurance-vie du mois de juillet. La sortie nette, c’est-à-dire la différence entre les dépôts et les retraits, a atteint 500 millions d’euros. Ce chiffre représente déjà un décaissement de 5 200 millions d’euros sur les sept mois de 2020. L’assurance-vie signe ainsi le cinquième mois consécutif de sorties, conséquence de l’incertitude qui règne dans le monde depuis la reconnaissance de la pandémie et la période de confinement instauré entre mars et mai en France.
Ces chiffres sont encore pires que ceux de 2012, marqués par la crise de la zone euro. Et, pour mesurer l’ampleur de la situation, il faut noter que, sur la même période de 2019, l’assurance-vie a enregistré une collecte nette de… 17 000 millions d’euros. Alors quid du placement préféré des Français après les livrets d’épargne réglementés ? Eh bien, en fait, les épargnants préfèrent de nos jours des comptes d’épargne plus liquides où l’argent libre d’impôt est disponible à tout moment.
Rendement de l’assurance vie 2020 autour de 1%
Le Livret A a enregistré une collecte record de 1,8 milliard d’euros en juillet. Depuis le début de l’année, elle enregistre un gain en volume de 22 milliards d’euros alors même que sa très faible rentabilité n’est fixée par l’Etat qu’à 0,5 %. Le rendement est l’un des arguments que prône encore l’assurance-vie. Mais pour combien de temps encore ?
Le cabinet de conseil en stratégie et gestion spécialisé en assurance et protection sociale, Facts & Figures, propose une fourchette de 1% à 1,10% net de frais de gestion pour les commissions versées en 2020 pour les fonds garantis en euros. Son fondateur, Cyrille Chartier-Kastler, confie aux Echos que le taux minimum devrait même baisser « entre 0,50% et 0,70% d’ici deux ou trois ans ». Ou le niveau de performance du… Livret A.
Le Livret A bat l’assurance vie
Outre le rendement, les épargnants savent aussi que le produit de l’assurance-vie est soumis à l’impôt sur le revenu ou à l’impôt forfaitaire unique (PFU). Le degré de taxation dépend notamment de la durée de détention du produit. De plus, l’amortissement total ou partiel entraîne le paiement de cotisations sociales (toujours sur les plus-values). En revanche, les intérêts du Livret A sont totalement exonérés d’impôt sur le revenu et de cotisations sociales.
Autre avantage comparatif qui attire forcément les Français en ce moment : la pleine liquidité des fonds déposés dans un Livret A. Donc, tant que le plafond de 22 950 euros n’est pas atteint, les Français préfèrent alimenter leur livret A. Et s’il est atteint, nombre d’entre eux préfèrent laisser leurs excédents d’argent en sommeil dans… leurs comptes chèques ! Cette réflexion est d’autant plus facile que l’assurance-vie a souffert de la désorganisation des agences bancaires pendant le confinement et l’après confinement.
D’une épargne forcée à une épargne de précaution
Enfin, une enquête de l’INSEE d’août révèle que la proportion de ménages estimant que c’est une bonne idée d’épargner est en augmentation. Une épargne de précaution qui ne correspond pas à la volonté pré-Covid d’orienter les fonds d’assurance-vie vers des unités de compte, un placement plus risqué. De plus, depuis le début de l’année, les supports en unités de compte n’ont récupéré que 35% des cours.
La tendance optimiste voit encore des raisons d’espérer. La FFA note notamment que « le retour progressif à une activité économique normale fait remonter les cotations d’assurance-vie ». En effet, l’INSEE montre que l’activité économique est revenue à 95% de son niveau d’avant crise. Dans le même temps, les dépôts d’assurance-vie se sont élevés à 10,4 milliards d’euros en juillet, soit le double de mai, tandis que les radiations étaient similaires à l’année dernière. Mais l’incertitude sanitaire et économique continue de peser lourdement sur les épargnants, et donc sur l’assurance-vie, surtout en cette période de rentrée…