Les Français, la Bourse et l’épargne
La récente enquête Odoxa-LinXea pour Les Echos, qui interroge le rapport des Français à la bourse et à l’épargne, confirme leur aversion au risque et leur méconnaissance. L’appétence à investir en actions ne concerne que 19% des sondés. Décryptage.
La Bourse désertée par les Français
Que le CAC 40 ait chuté de 10,95 % en 2018 ou que les cours des actions aient bondi en début d’année, les Français sont restés prudents en Bourse. Les produits à risque n’attirent toujours pas les épargnants français. C’est ce qui ressort de l’Observatoire « Le Rendez-vous de l’Argent » réalisé par Odoxa-LinXea pour Les Echos : 15% des Français sont présents en bourse. Ce chiffre est en ligne avec celui de l’Autorité des marchés financiers (AMF) qui, en mars 2017, estimait le nombre d’actionnaires individuels en France à 3,67 millions, contre 7,1 millions en 2003.
Pas d’inflexion à venir dans le comportement des super-fourmis
Pour le président d’Odoxa Gaël Sliman, « les Français évitent encore largement la bourse », qualifiant les épargnants français de « super-fourmis ». Et aucun changement n’est en vue, puisque seuls 19% d’entre eux seraient prêts à parier sur les actions, soit 4 points de plus que dans la pratique actuelle. Dans le même temps, près de la moitié (47 %) déclarent qu’ils n’investiraient « certainement pas » dans ces produits. Si le gouvernement espérait que la Taxe Unique puisse changer la donne, c’est une perte de temps puisque 58% ne sont même pas au courant et 84% estiment qu’elle ne changera pas leur comportement.
Les raisons de cette aversion des produits boursiers
Sans aucun doute, la principale raison de l’effet négatif de la bourse reste la peur de perdre du capital (47%). Antoine Delon, président de LinXea, rappelle que « Pour les Français, investir en bourse suscite de l’anxiété. La crainte de perdre de l’épargne -renforcée par une année 2018 placée sous le signe d’une baisse générale de tous les actifs- en est la principale cause. « . L’enquête souligne également que 43% des personnes n’ont tout simplement pas d’épargne à investir. Viennent ensuite la méconnaissance du fonctionnement des marchés (19%), les mauvaises expériences antérieures (11%) et la réticence à s’engager sur cette voie de l’enrichissement. considéré comme immoral (9 %).
Vers quels types d’actions se tournent les investisseurs français ?
Sur les 15 % de Français qui détiennent un portefeuille d’actifs en bourse, plus de la moitié investissent dans des actions de grandes entreprises cotées au CAC 40 (53 %). 43% choisissent également des actions d’autres sociétés cotées hors CAC 40 et seulement 22% des actions non cotées. L’enquête les interroge également sur les catégories d’entreprises ou les secteurs d’activité vers lesquels ils pourraient s’orienter. Les secteurs innovants (47%) et les valeurs sûres (44%) remportent les suffrages. L’effet rebond des cours boursiers au plus bas n’attire que 20% des répondants. Les entreprises éthiques (18%) ne sont pas non plus attractives, soit trois points de moins que les futures entreprises publiques qui ouvrent leur capital.
Où se trouve l’épargne des Français ?
54% des Français préfèrent laisser dormir leur argent sur leur compte courant, 1 sur 10 admettant même y avoir des sommes importantes. Ces chiffres corroborent l’étude BPCE publiée en décembre 2018 : 390 000 millions d’euros placés en comptes courants français au 1er trimestre 2018 (14 000 euros en moyenne par foyer). Les produits privilégiés restent le Livret A et l’assurance-vie en fonds garantis en euros, rémunérés en 2018 respectivement à 0,75 % et entre 1,60 % et 1,70 %. Quant aux produits boursiers, les épargnants disposent majoritairement d’un compte à vue (67%). Viennent ensuite le contrat d’assurance-vie (43%), le PEA (15%), le plan d’épargne retraite (14%), l’investissement immobilier ou locatif (13%), ou encore le plan d’épargne pour les professions libérales (2%). .
