Les paiements par puces sous-cutanées, quand la réalité rattrape la fiction

« Nous devons préserver la sécurité et la santé des utilisateurs d’argent liquide », a assumé début février le vice-gouverneur de la Banque centrale de Chine. Par conséquent, la Chine a nettoyé le yuan utilisé puis l’a placé en quarantaine. De quoi renforcer les avantages du paiement mobile.

Walletmor et sa puce d’implant de paiement

Implanter une puce sous la peau pour pouvoir payer sans avoir à sortir la carte bancaire n’est pas une chimère. Récemment débarqué en France, la solution est proposée par le jeune photographe anglo-polonais Walletmor. La puce coûte 200 euros. Il est envoyé par la poste dans un emballage stérile.

Le client l’associe ensuite à un compte iCard (plateforme européenne), avant de l’activer depuis l’application mobile. La chirurgie esthétique nécessite de prendre rendez-vous avec un médecin. La procédure d’implantation sur le dos de la main est rapide (15 minutes) et indolore, selon l’argumentaire de vente.

Le client doit respecter un délai d’un mois pour la cicatrisation. Et c’est tout ? Non, pas vraiment. La durée de vie de la puce de paiement sous-cutanée est de huit ans. En d’autres termes, vous devez répéter l’opération régulièrement afin de continuer à payer en rapprochant le dos de votre main d’un terminal de paiement.

La start-up se veut rassurante sur le plan sanitaire, la puce est enrobée de biopolymères hypoallergéniques, inoffensifs pour le corps humain. N’oubliez pas que Walletmor n’a pas d’émetteur intégré ni de dispositif de géolocalisation. La puce « répond uniquement aux demandes d’un appareil de lecture à proximité ».

Une innovation déjà bien connue des Suédois

En Suède, cette possibilité existe déjà depuis plusieurs années. Ce qui change, c’est l’arrivée sur le marché français d’un acteur qui déploie ce service commercial pour les plus audacieux. Alors, la puce cutanée remplacera-t-elle la carte bancaire ? En ce moment, les objections sont nombreuses.

Le mouvement amorcé en Suède remonte à 2016. Trois ans plus tard, les chiffres font état de 4 000 « Bjorn Cyborgs » équipés de cette puce sous-cutanée. Il faut dire que le pays qui a vu naître plusieurs géants du numérique comme Skype, Spotify, Soundcloud, Pirate Bay, King (l’inventeur de Candy Crush) ou la plateforme de paiement en ligne Klarna, est un vivier propice.

Ben Libberton, microbiologiste spécialisé en sciences de la communication à l’université de Lund, rappelle que « les gens là-bas se sentent très à l’aise avec les innovations, beaucoup moins méfiants qu’ailleurs ». Le fondateur de l’agence suédoise de développement de solutions implantables pour « augmenter l’humain » pour les entreprises, Hannes Söjblad, fait partie des convaincus. Il a une puce sous la peau, entre le pouce et l’index, pas plus grosse qu’un grain de riz. Selon son témoignage recueilli par L’usine numérique, « C’est très discret, et simplifie le quotidien. Vous n’avez pas besoin de badge pour vous rendre au bureau ou à la salle de sport. Une carte de crédit n’est pas non plus nécessaire.

Moins de 300 personnes en France

En France, la question est beaucoup plus délicate. Moins de 300 Français auraient été tentés par l’innovation. Parce que ? Une savante combinaison de rejet, de manque d’intérêt et de manque de cas d’utilisation. Les banques, centres sportifs et autres réseaux de transport ont pour l’instant écarté ce dispositif.

Les micropuces génèrent de nombreux fantasmes et polémiques quant à leur utilisation réelle dans la population. Mais Wojtek Paprota, fondateur de Walletmor, est heureux d’endosser le rôle de prédicateur : « Notre produit aujourd’hui est axé sur le paiement sans contact, mais nous travaillons sur d’autres fonctionnalités, comme l’ouverture de portes et son utilisation comme carte d’identité ou jeton d’autorisation. .numérique ».

La startup affirme avoir attiré 200 clients au Royaume-Uni, en Allemagne et en Pologne. Pour rappel, les puces RFID (Radio Frequency Identification Devices) sont déjà courantes chez les animaux, mais aussi dans les cartons d’emballage et les automates.

Le secteur de la santé est particulièrement attentif à ce type d’innovation, une étude d’Acumen Research & Consulting estime le marché dans ce secteur à 6,4 millions de dollars. Qu’en est-il des paiements ? Ce n’est pas vraiment d’actualité, même si la crise sanitaire a accéléré le passage du paiement traditionnel au paiement sans contact.

Du paiement mobile à Amazon One

D’abord associé à la carte physique, le paiement mobile séduit de plus en plus d’utilisateurs avec les portefeuilles Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay et Paylib. Cependant, la dynamique doit être tempérée, une enquête publiée par la Monnaie de Paris a montré que seuls 8% des sondés déclarent faire pleinement confiance au paiement mobile, contre 61% pour le cash.

Mais la tendance est à la hausse, et l’adoption de tout smartphone est de plus en plus marquée chez les jeunes générations. Les innovations dans le secteur du paiement renvoient également à l’arrivée du cryptogramme dynamique (carte éphémère) et de la carte biométrique (paiement sans contact par empreinte digitale).

De son côté, Amazon développe le paiement avec palm scan depuis 2020 aux États-Unis. Attention, il n’y a pas d’implants sous la peau ici. Comme Madame Irma, le géant du e-commerce lit les lignes de la paume, non pour prédire l’avenir, mais par voie d’identification. En fait, les rainures et les vaisseaux de la paume reproduisent un design unique pour chaque personne.

Moins intrusive que la reconnaissance faciale ou de l’iris, cette solution baptisée Amazon One permet de payer en scannant sa main posée sur un scanner. Cela vous rappelle quelque chose ? De quoi écarter pour l’instant l’idée d’un implant sous-cutané… n’en déplaise au fondateur de Walletmor. Reste l’épineuse question de la sécurité des données biométriques transmises aux géants du web.

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