Plateforme Binance : le tour de vis des états sur les cryptoactifs

Une succession de décisions des régulateurs frustre la tranquillité de la plateforme de crypto-monnaie. Dernier épisode fin juin, lorsque la British Financial Conduct Authority a amputé une partie des activités de Binance. Quelles sont les conséquences pour les clients d’échange? Décodage.

L’autorité britannique coupe Binance d’une partie de ses activités

3,88 milliards de dollars, c’est le volume moyen des flux d’argent quotidiens qui ont transité par Binance en 2020. Cet acteur chinois, basé à Hong Kong, est l’un des leaders du marché des échanges d’actifs cryptographiques. Un secteur porté notamment par les fluctuations du Bitcoin, mais aussi par les tweets piquants d’Elon Musk qui soufflent le chaud et le froid.

Résultat : une avalanche d’investisseurs vers toutes les monnaies virtuelles, même les plus farfelues, dans une stratégie commerciale et en vue de diversifier les portefeuilles d’actifs. La Financial Conduct Authority (FCA) estime qu’il y aura 2,3 millions de spéculateurs en crypto en 2021, en hausse de 27 % sur un an.

Mais le ciel de Binance s’est récemment assombri avec la lettre d’avertissement du 26 juin émise par la FCA. Le régulateur britannique déclare que « Binance Markets Limited ne peut plus s’engager dans aucune forme d’activité réglementée sans le consentement écrit de la FCA. Aucune autre entité du groupe Binance ne dispose d’une quelconque forme d’autorisation, d’enregistrement ou de licence pour s’engager dans une activité réglementée dans le Royaume-Uni. « 

Qui est Binance Markets Limited ? Une filiale du groupe Binance dont les activités consistent à vendre des dérivés de crypto-monnaie, tels que des options ou des contrats actifs. Or, il s’agit précisément de produits régulés par la FCA, d’où son intervention pour signifier que Binance Markets Limited ne dispose pas des autorisations requises pour exercer son activité auprès de clients sur le sol britannique. Vous devez cesser vos activités financières en monnaie fiduciaire.

L’achat de crypto en livre sterling toujours possible mais perturbé

Cependant, la vente et l’échange de crypto-monnaies ne sont pas affectés. Parce que ? Parce que la réglementation britannique ne réglemente pas ces activités et que la société opère depuis les îles Caïmans. Par conséquent, les clients de Binance peuvent continuer à acheter, vendre et échanger leurs pièces virtuelles de manière transparente.

Pour le reste, tout est arrêté depuis le 30 juin. La FCA exige que la bourse ne fasse pas la promotion de son activité et ne mette les enregistrements actuels à la disposition des utilisateurs britanniques. Pas de conséquences pour les clients ? Pas nécessairement. Selon le Financial Times, les dépôts et les retraits en livres sterling de la plateforme via Faster Payments ont été suspendus pour maintenance.

Pour rappel, Faster Payments, propriété de Pay.UK, surveille notamment les paiements automatisés et les paiements mobiles en ligne entre comptes bancaires britanniques. L’excuse du maintien, sans tarder pour revenir à la normale, interpelle les clients d’échange, d’autant que d’autres commentaires font état d’interruptions dans les transactions. Une concordance de faits qui alimente l’hypothèse selon laquelle Binance aurait perdu l’accès à Faster Payments après l’action de la FCA.

La fin du Far West un peu partout dans le monde ?

La décision prise par la FCA rend les gens heureux. Le fondateur d’EXMO Exchange Ltd dit à Bloomberg son soulagement de voir que le marché de la cryptographie est réglementé et que cette « phase du Far West » touche à sa fin. Plusieurs pays, et non des moindres, sont en train de renforcer leurs positions en matière de trading de crypto-monnaie. Les autorités de contrôle et de régulation souhaitent prévenir et combattre les problèmes de fraude, d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent.

Les États-Unis sont particulièrement vigilants sur Binance. Le ministère de la Justice et le fisc s’intéressent au fonctionnement de la plateforme et à ses dérives. Al igual que con la FCA, la Comisión de Comercio de Futuros de Productos Básicos (CFTC, por sus siglas en inglés) está investigando si Binance permitió a los residentes de EE. UU. operar derivados, a pesar de que la bolsa no está facultada pour le faire.

Il en va de même au Japon, où l’Agence des services financiers (JFSA) vient d’adresser un avertissement à Binance pour les mêmes raisons. La série de mésaventures continue en Europe avec le régulateur allemand cette fois. BaFin s’intéresse aux jetons boursiers proposés par Binance. Ces opérations d’achat de fractions d’actions peuvent avoir « violé » les règles fiscales du pays.

Monnaies fiat vs crypto : les états contre-attaquent

Au Canada, la province de l’Ontario a consolidé en avril dernier sa réglementation concernant l’enregistrement des plateformes. Les restrictions sont telles que Binance a décidé de cesser d’offrir ses services à ses clients dans cette province canadienne à compter du 31 décembre 2021 : « Dans le cadre de nos efforts de conformité en cours, Binance a mis à jour ses conditions d’utilisation pour indiquer que l’Ontario (Canada) est devenue une juridiction restreinte. Malheureusement, Binance ne peut plus continuer à servir les utilisateurs ontariens. Les utilisateurs ontariens sont priés de prendre des mesures immédiates pour fermer toutes les positions actives d’ici le 31 décembre 2021. » .

Revendiquant une approche collaborative avec les autorités, la bourse a toujours une réputation sulfureuse, surtout depuis le transfert de son siège aux îles Caïmans. Surtout, les crypto-monnaies elles-mêmes sont de plus en plus dans le viseur des États qui voient d’un mauvais œil la concurrence entre leurs monnaies nationales.

De nombreux pays lancent leur propre monnaie (le Yuan numérique en Chine par exemple) pour concurrencer les monnaies virtuelles sur leur territoire et sévir : risque d’interdictions en Inde, arnaques massives en Afrique du Sud, fermeture d’usines minières en Chine, mise en garde de El Salvador par les USA après sa légalisation du Bitcoin, etc.

Pas de quoi apparemment ébranler les certitudes du fondateur de Binance Changpeng Zhao, qui se positionne sur le marché des NFT (non fongible token) en créant sa plateforme dédiée lancée le 24 juin. Son objet : l’échange d’objets d’art et de collections numériques (arts visuels, pièces musicales, sportives, jeux vidéo, etc.). Le nouveau Far West ?

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