Un dégel sur les taux des livrets d’épargne réglementés
Le gouvernement relève le taux du Livret A, à compter du 1er février 2022, de 0,5 % à 1 %. Cette revalorisation dans le contexte de l’élection présidentielle et d’un environnement inflationniste ne s’est pas vue depuis août 2011. La LDDS, la LEP et la CEL sont concernées. Pas le PEL. explications.
Le taux du Livret A à 1 % dès février 2022
L’annonce du ministre de l’Economie, le 14 janvier, a été adressée à la Banque de France. Elle entérine la recommandation de son gouverneur, François Villeroy de Galhau, en charge du calcul des taux des livrets d’épargne réglementés. Ainsi, au 1er février 2022, le niveau de rentabilité du Livret A passera de 0,5 % à 1 %.
La direction de la Banque de France a ainsi souhaité « mieux assurer la rémunération des titulaires du Livret A, sans créer un surcoût trop élevé, afin de préserver le financement du logement social ». Gelé à 0,5 % depuis février 2020, le taux du Livret A double. Sa révision à la hausse n’est plus connue depuis août 2011, soit une longue baisse de sa rentabilité.
Toutefois, le changement de taux du Livret A est légalement possible deux fois par an. Sa formule consiste à faire la moyenne entre le taux d’inflation moyen des six derniers mois et le taux interbancaire moyen. Ceux-ci correspondent aux taux auxquels les institutions financières se prêtent de l’argent à court terme.
Une rémunération toujours sous l’inflation
En réalité, le respect stricto sensu de cette formule aurait abouti à un taux de Livret A de 0,8 %, un chiffre que le Cercle des Épargnants préconisait à l’automne dernier. Cependant, la Banque de France et l’État ont pris en compte la hausse de l’inflation enregistrée au cours du second semestre 2021.
Durant cette période, l’agence indique que la variation annuelle moyenne sur 6 mois de l’indice des prix à la consommation (IPC) hors tabac est de 2,2%. Et puisque les projections de calcul proposent un taux sur livret A de 1 % au 1er août 2022, il a été convenu d’avancer la date au 1er février… les élections présidentielles pèsent aussi dans la balance. En effet, le livret A est le produit d’épargne préféré des Français (55 millions en ont un !).
Pour rappel, il s’agit d’un placement sûr (le capital est garanti), liquide (retraits possibles à tout moment) et fiscalement avantageux (exonération d’impôt sur le revenu et de cotisations sociales). Par la suite, la Banque de France prévoit une baisse de l’inflation en dessous de 2 % d’ici la fin de l’année en cours, ce qui devrait faire baisser à nouveau le taux du Livret A en 2023.
LDDS, CEL, PEL : à quoi faut-il s’attendre en 2022 ?
Placer son argent sur son Livret A est toujours synonyme de perte de pouvoir d’achat, l’inflation étant supérieure au rendement garanti. Qu’en est-il des autres comptes d’épargne réglementés ?
Son complément, l’abécédaire du développement durable et solidaire (LDDS) reçoit la même réévaluation. Le taux du LDDS passe de 0,5 % à 1 % au 1er février 2022. Rappelons que son plafond est inférieur (12 000 euros) à celui du Livret A (22 950 euros).
Mais, de manière générale, la fin d’année 2021 a été marquée par des sorties de ces deux produits bancaires. Ce mouvement est notamment porté par une reprise de la consommation des ménages français dans le contexte de la pandémie pré-Omicron.
La hausse du taux du livret A a eu un effet positif sur le taux du compte épargne logement (CEL). En effet, sa rentabilité équivaut aux deux tiers de celle du Livret A, arrondie au quart de point le plus proche. Au 1er février 2022, les porteurs d’un CEL verront le rendement de cet investissement passer de 0,25% à 0,75%.
En revanche, le taux du plan épargne logement (PEL) ne changera pas, puisqu’il est fixé lors de la souscription pour toute sa durée d’utilité. Quant au nouveau PEL, sa formule est indépendante de l’inflation. Le calcul n’est effectué qu’une fois par an, pour une révision au 1er janvier. Rendez-vous en… 2023.
Belle revalorisation pour le taux du LEP
L’augmentation la plus probante provient du Livret d’Epargne Populaire (LEP). Son taux est passé de 0,5 % à 2,2 %. Le gouvernement a décidé d’augmenter la hausse attendue, afin d’offrir une solution plus robuste aux revenus les plus modestes face à l’inflation.
En effet, ce compte d’épargne est soumis à des revenus. Les plafonds à ne pas dépasser varient selon le lieu de résidence (péninsule ou outre-mer) et le quotient familial. Une personne seule résidant en France métropolitaine ne doit pas gagner plus de 20 296 euros par an pour ouvrir un LEP et bénéficier de ce tarif avantageux.
Le taux LEP à 2,2% suit une nouvelle formule. Le chiffre ne devrait pas être inférieur à l’inflation moyenne hors tabac du dernier semestre, soit 2,2 %. Cette décision pourrait profiter aux 15 millions de Français éligibles au LEP.
Problème : seuls 7 millions ont ouvert un tel livret, d’où la demande du ministère de l’Economie aux banques d’augmenter la promotion de ce produit auprès de cette clientèle. L’administration fiscale sera également de la partie en envoyant un mail d’information aux Français intéressés pour déclarer leur éligibilité.
Ces derniers n’ayant pas encore fait leur apparition, l’encours du LEP en novembre dernier a péniblement atteint 39,1 milliards d’euros, un score très éloigné de celui du Livret A (326,4 milliards d’euros) ou du LDDS (121,5 milliards d’euros).